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L’aspect psychédélique : de l’interdiction à l’utilisation d’un outil de soin ?

Pour commencer rappel de la loi : il est interdit de faire l’apologie d’une drogue. Nous soulignons que cet article est uniquement basé sur les éléments scientifiques décrivant de manière objective les faits et sur les propositions du Dr Sami Sergent, psychiatre qui est l’auteur de la conférence de référence. Dernier article de série consacrée à nos stagiaires avec cette fois-ci à Nadège Brin qui a décidé de s’attaquer au sujet épineux de l’utilisation de substance psychédélique dans les soins psychiatriques notamment. Voyons maintenant ce qu’elle a pu apprendre et souhaite vous transmettre.

Pour commencer, qu’est ce qu’un psychédélique ? La notion de psychédélique est apparue dans les années 50 quand Osmond et Huxley ont mené des expérimentations autour des psychédéliques. Pour faire un point sur le présent, dans cet article nous nous focaliserons sur les molécules du lsd, de la psilocybine et du dmt. L’engouement autour de ces molécules est grandissant dans la sphère médicale et scientifique. Toutefois, en France, il est interdit de manipuler ces molécules alors qu’en 2018, la FDA (Food and drug administration aux USA) a accordé le statut de “breakthrough therapy” à la psilocybine car cela entraîne une expérience unique et forte conduisant à la modification de l’esprit permettant de ne plus prendre de médicaments classiques. Cela pourrait conduire à un réel bouleversement pour les soins psychiatriques.

Quelles sont les conséquences de ces molécules ?

Quelles sont les conséquences de ces molécules sur les neurones ? Les molécules du lsd (diéthylamide de l’acide lysergique), de la psilocybin et du dmt (diméthyltryptamine) imitent la sérotonine. Cette molécule joue un rôle important dans les perceptions et les émotions. Néanmoins leurs actions sont plus puissantes et persistent plus longtemps dans le temps que la sérotonine produite naturellement.

Une expérience sur des souris a montré que lorsque l’on met en contact ces molécule avec des neurones cela crée de nouvelles connexions (ex : Shao et al, 2021). Au sein du cerveau il existe de nombreuses zones qui communiquent entre elles, certaines sont consacrées à la mémoire, à l’audition etc… Sous psychédélique, les communications sont démultipliées dans une majorité des zones. Le cerveau est très sollicité, en effet, le nombre de connexions et leur puissance entre les différentes zones augmentent fortement. De lien avec le réseau du mode par défaut représente de nombreuses régions dans le cerveau (pour explorer le mode par défaut cf : Buckner, 2013) connectées entre elles et qui vont être stimulées quand le cerveau n’est pas sollicité. Là encore les molécules vont booster les connexions. Pour les êtres humains, il faut préciser que toutes les expériences sur les psychédéliques ont été effectuées dans un cadre sécurisé et calme d’expériences scientifiques. Les résultats et conclusions obtenues concernent uniquement la prise de ces psychédéliques dans un cadre identique.

Les expériences effectuées avec des psychédéliques sur des individus révèlent que les conséquences sur le cerveau sont diverses :

  • Augmentation des perceptions et émotions (diminution des émotions négatives)
  • Absence d’hallucinations mais présence de visions (se rapprochant du rêve)
  • Diminution des mécanismes de défense
  • Augmentation de remémoration de souvenirs

Ces molécules peuvent avoir de légers effets secondaires sur le corps de l’individu :

  • Tremblement
  • Sueur
  • Nausée
  • Vomissement

Il n’existe pas de surdosage mortel actuellement référencé.

Comment les scientifiques et les médecins peuvent utiliser des psychédéliques ?

Il existe plusieurs modèles d’utilisation des psychédéliques. Les psychédéliques peuvent être pris dans le cadre de thérapies psychédéliques avec une dose unique, importante et prise en autonomie. Ils peuvent être pris dans le cadre d’une thérapie psycholytique. Utilisation aidant de thérapie type cognitivo-comportementale avec des doses moyennes et une intervention par un professionnel. Dernier type de thérapie avec des étude en cours sur le microdosage régulier. A l’heure actuelle, il n’y a pas de recommandations négatives concernant l’utilisation de ces molécules dans une perspective thérapeutique.

En termes d’effet, les produits psychédéliques permettent de se reconnecter avec ses mauvais souvenirs de manière différente ce qui se rapproche de la méditation. En effet, entre la prise de psychédéliques et la méditation, les conséquences sur le cerveau sont proches. Les perspectives sont donc multiples, ces molécules permettraient de lutter contre certaines formes de dépression ou le stress post traumatique (Carhart-Harris et al., 2016 ; Mitchell et al., 2021). Des essais thérapeutiques ont été menés et ont montré des résultats impressionnants, en effet, pour une ou deux prises de psychédéliques il y avait des résultats jusqu’à 6 mois après. Les effets produits par ces produits peuvent être de différentes natures. Les effets peuvent être liés au produit en lui-même, au sujet (état d’esprit, histoire de l’individu) et le contexte de la prise qui a une importance majeure. Les études qui ont montré que les psychédéliques avaient des bienfaits ont été réalisées dans des lieux sécurisant et les résultats ne seraient certainement pas les mêmes dans d’autres circonstances (usage récréatif).

J’espère que vous en aurez un peu plus appris sur ces substances psychédéliques.

A bientôt pour un nouvel article, bien cérébralement.

Nadège Brin

Julien Vion

Webinaire du Dr Sami Sergent : ici

Buckner, R. (2013). The brain’s default network : origins and implications for the study of psychosis. Dialogues in clinical neuroscience, 15(3).

Carhart-Harris, R., Giribaldi, B., Watts, R., Baker-Jones, M., Murphy-Beiner, A., Murphy, R., Martell, J., Blemings, A., Erritzoe, D., Nutt, D.J. (2021). Trial of psilocybin versus escitalopram for depression. The new england journal of medecin, 384, 1402-1411.

Mitchell, J.M. et al. (2021). MDMA-assisted therapy for severe PTSD : a randomized double blind, placebo-controlled phase 3 study. (excusez le manque des autres auteurs, il y en a 38 !).

Shao, L.-G., Liao, C., Gregg, I., Davoudian, P.A., Savalia, N.K., Delagraza, K., Kwan, A.C. (2021). Psilocybin induces rapid and persistent growth of dendritic spines in forntal cortex in vivo. Neuron, 109 (16), 2535-2544.

Les références complémentaires :

  • livre aux confins de l’esprit : michael Pollan
  • LSD mon enfant terrible : Albert HOFMANN

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